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« Tu vas voir un jour j'en aurai une vraie et tu feras plus ton malin Eirik !! » Dit un garçon âgé d'à peine 10 ans, étalé par terre en pointant son petit frère de 7 ans, pourtant déjà aussi grand que lui avec une mitraillette en plastique. Le plus jeune des deux riait et tendit une main à son grand frère pour l'aider à se relever tout en s'excusant. L’aîné plus que vexé n'hésita pas à en mettre une à son frère avant de partir en courant vers la maison. Courageux mais pas téméraire, Aaron James Phillips regrette maintenant tous ces gestes, toute cette violence envers celui qui a toujours été là. Le seul à toujours être là. Mais ce qu'il regrette encore plus c'est d'avoir rêvé un jour tenir une arme entre ses mains. Le rêve une fois devenu réalité peut refléter un cauchemar encore plus grand. Assis dans un coin de sa chambre, une prothèse de jambe gauche en titane posée à côté de lui, les larmes ruisselant sur ses joues tombaient sur une feuille de papier dont l'écriture d'encre commençaient à couler, le jeune homme agé de 23 ans repensait à sa vie, à comment il en était arrivé là.
Comme dans toute histoire il y a un commencement. Un « il était une fois ». Une naissance d'abord, un soir de juin 1989 dans un hôpital du Michigan, à Ann Arbor plus précisément. James et Michelle Phillips étaient plus qu'heureux d’accueillir dans la famille, avec un mois et demi d'avance, leur premier enfant. Les deux jeunes gens avaient réfléchit longtemps à un prénom. Étant bien fier de lui et de sa famille, James Phillips voulait transmettre son prénom, et peut-être même rajouter un « quatrième du nom » pour son fils mais pour Michelle s'en était trop. Les traditions familiales d'accord mais que tous les garçons s'appellent de la même façon dans la famille la rendait dingue. Comment pouvait-elle appeler son fils de la même façon qu'elle appelait son mari ou bien son beau père ? Sans vraiment demander l'avis de son mari elle nota Aaron sur ses papiers. Aaron James, pour faire un compromis. Un brin contrarié et vexé par le changement, le père Phillips n'appellera son fils que « J » toute sa vie. On aurait pu croire à un petit surnom affectif mais il en était rien en réalité. Aaron était donc né à l'avance mais en pleine santé. Il était un tout petit bébé déjà chevelu et dont ses bouclettes brunes donnaient déjà au nourrisson un air de petit garçon. La famille Phillips ne resta pas longtemps au compte de trois. En effet alors que Aaron avait tout juste deux ans, Michelle tomba enceinte de celui qui sera son deuxième fils. Cette fois plus de doute sur le prénom elle avait prit la décision d'imposer à son mari celui d'Eirik. Ravalant sa fierté le père la laissa faire, surtout que d'après l'ainé des garçon c'était « bieau » comme prénom. Avec seulement trois ans d'écart, les deux frères passaient tout leur temps ensemble, Eirik collant son aîné, celui-ci essayant de le repousser mais qui au fond ne pouvait pas se passer de lui. Ils étaient inséparables et pourtant ils passaient de longs moments à se faire la gueule ou à se taper dessus. Des garçons quoi. Il arrivait à Aaron d'être mauvais avec son frère, de le traiter de « mâchoire tordue » ou de « grande perche ». Et oui car vers l'âge de 5 ans, c'est le cadet qui rattrapa son aîné en taille et à partir de là n'a pas cessé de l'égaler jusqu'à le dépasser un jour à jamais ce qui sera le plus grand complexe d'Aaron. La maison des Phillips était grande mais toujours bien remplie et pleine de vie. En effet toute la famille de Michelle, même si elle était originaire de l'Ohio, passait très souvent du temps à Ann Arbor. Pendant toutes les vacances scolaires mais aussi pour certains weekend, et pour les fêtes, de fin d'années ou du 4 juillet. Ils vivaient au rythme des barbecues, des fêtes autour de la piscine, des anniversaires, et de toutes les célébrations de la vie en général. Les frères Phillips ont grandit dans les rires et les jeux avec leurs cousins et cousines, car leur mère étant d'une famille de 5 enfants, ils en avaient à foison pour jouer avec. Aaron était l'ainé et aimait mener la barque, il fallait qu'on l'écoute et il développa un caractère assez autoritaire, sa meilleure victime restait tout de même son petit frère. Tout allait bien et puis un jour les rires se transformèrent en larmes et les cris de joie en sanglots. Frappée d'un cancer foudroyant, Michelle Phillips ne passa pas sa 34ème année. Les enfants étaient alors agés de 12 et 9 ans. Aaron qui commençait à peine à rentrer dans l'adolescence abandonna à ce moment là toute traces de l'enfant qu'il était et devint un adolescent agressif et désagréable avec tout le monde... sauf avec son frère qui à ce moment là devint son refuge. Alors qu'il avait été son souffre douleur, la source de toutes ses frustrations, il était devenu son roc, le seul devant qui il pouvait pleurer. Mais attention, si Eirik l'ouvrait, il s'en prenait quand même une. Le père Phillips étant d'une nature assez froide et pas vraiment agréable, toute la famille de sa femme décédée ne remit jamais les pieds et la maison était dorénavant trop grande et trop vide. Les chambres surtout l'étaient car Aaron avait décidé que Eirik devait maintenant dormir avec lui et non plus dans sa chambre à lui. Quelque part cela devait être aussi le souhait du cadet de ne pas être seul.
Rentré trop tot dans l'adolescence, Aaron se mit à tout faire très tot également. À commencer par les filles. Au collège déjà il avait tout pour plaire. C'était un beau brun aux yeux marrons verts, avec des cheveux bouclés et magnifique, et déjà un corps assez musclé pour son age, il faisait également partit de l'équipe d'aviron et était devenu champion de l'état du Michigan en catégorie junior plusieurs fois avant de rentrer au lycée. Les trois ans d'écarts avec Eirik permettait de ne pas être trop en contact avec lui à l'école et il en profitait pour se forger une carapace et une popularité assez impressionnante. Il avait abandonné l'aviron pour passer au football car il savait que c'était le sport le plus populaire et qu'il pourrait se faire une bonne place dans l'équipe. Il était devenu le kicker numero 1 de l'équipe du lycée John Fitgerald Kennedy de Ann Arbor et à partir de la première sortait avec la chef des cheerleaders. Autant dire que tout allait bien pour lui. Il était amoureux et complètement épanoui car en plus de ce succès en sport, il était intelligent et réussissait ses examens sans le moindre effort. Mais ça il ne pouvait pas trop le montrer de peur d'être prit pour un geek ou un nerd. Chose qu'il était, bien évidement. Sa relation avec Eirik avait encore évolué et il passait beaucoup de temps avec son frère en dehors des cours et de sa petite amie pour justement mettre à profit ses vraies passions comme le cinéma ou les jeux vidéos et la littérature. Tous les deux pouvaient parler des heures de séries télévisés et se refaire des répliques par cœur de certains dessins animés. L'année de la terminale fut la plus décisive pour la vie du jeune Aaron. Il sortait toujours avec Jenna bien sur, et même qu'ils parlaient de faire leur vie ensemble après le lycée. Elle voulait faire des études dans l'université de la ville et lui... et bien... Aaron n'avait absolument aucune idée de ce qu'il voudrait faire plus tard. Il était à la croisée des chemins. Il pourrait suivre ses envies et ses passions et partir étudier la musique ou la littérature ou bien il ferait ce qui a de plus logique, prendre une bourse de football et étudier n'importe quoi en attendant que la gloire passe... Et puis il y avait l'ombre du père toujours derrière lui. Cette ombre qui le suivait jusqu'à même son prénom, celui qui aurait tellement voulu entrer chez les marineset qui aurait du partir pendant la première guerre du Golf mais qui avait été réformé à cause d'un problème d'ossature trop fragile et d'une santé un peu bancale. Mais Aaron lui avait une santé de fer et était endurant, peut-être qu'il pourrait suivre le chemin logique des Phillips et ne pas faire la honte de son père, et peut-être même de sa mère car James Phillips aimait répéter à ses fils que leur mère a toujours voulu faire partie d'une famille de soldats, que c'était un vrai honneur de défendre son pays... Bercé par cette idée et complètement perdu, Aaron, à peine agé de 18 ans , décida de s'enroler dans l'armée. Pour faire les choses bien et promettre à l'amour de sa vie qu'il reviendra il demanda Jenna en mariage. Ils s'étaient fiancés juste après leur bal de promo, la veille du départ du jeune homme pour le camp d'entrainement. Là, fini la belle chevelure bouclée et la popularité, place au crane rasé et à l'uniformité.
La caserne, ça allait encore. Le Aaron populaire reprit ses marques et fit bien marrer tous ses coéquipiers, et quelques fois les gradés. En plus il était doué. Il savait tirer comme personne, il était précis et calme, il arrivait à être calme alors que la situation se corsait, et puis niveau endurance il faisait parti des meilleurs. Le jeune homme appréciait cet univers même si il avait du ranger toute sensiblerie au placard et que sa petite amie lui manquait. Il y avait toujours les permissions assez nombreuses et même si il lui fallait plusieurs heures de train pour rejoindre sa belle et passer un peu de temps avec son frère, ce n'était rien comparé à ce qui allait arriver. On ne s'engage pas dans l'armée américaine sans savoir que la plus grande puissance mondiale est impliquée dans pas moins de trois conflits armés. Le plus important étant l'Irak, et c'est là que Aaron Phillips fut déployé un an et demi après son entrée dans l'US Army. Son premier souvenir fut le sable. Cet atroce goût de sable qui te revient dans le visage à chaque bourrasque, et puis la chaleur et sans oublier la puanteur. Là bas on passe plus de temps à attendre. On attend qu'il se passe quelque chose, on attend qu'on nous envoie sur quelque chose et surtout on attend de pouvoir rentrer enfin chez lui. Le discours de servir sa patrie était tout le temps rabaché à leurs oreilles mais les jeunes étaient arrivés dans ce qui ressemblait pas loin à l'enfer. Le rôle premier de l'armée américaine ici était à la base de ramener la paix après la dictature non ? On était attendu alors pourquoi on se faisait canarder à chaque fois qu'on entrait dans un village ? Pourquoi la population avait peur ? Aaron est tombé de haut, lui qui pensait qu'il allait pouvoir avoir un rôle, faire un quelquonque changement, il se rendit vite compte qu'ici il n'était qu'un pion. Il devait obéir aux ordres et point barre, la liberté elle n'est pas ici, et pour personne.
Sa première permission de deux semaines, avec autorisation de rentrer au pays arriva en septembre 2009. Une longue année sans voir personne, à peine parler avec Jenna sur Skype. Quant à Eirik, il savait qu'il avait trouvé une petite amie mais le petit frère n'a jamais voulu rien dire de plus, se sentant pas à l'aise au téléphone et puis... il faut dire qu'ils étaient toujours coupé par Aaron qui devait partir quelque part, donc dur de parler... Et surtout dur de dire qu'entre temps il était devenu papa de jumelles ! Quand Aaron passa la porte de la maison familiale il se retrouva face à Sarah, la petite amie de son frère, et deux petites têtes blondes agées de 6 mois. Alors là... c'était la claque du siècle. Son frère, papa, lui il était tonton et il en avait rien su ? Comment était-ce possible ? Il en voulu à son frère un moment mais au bout de quelques heures lui tomba dans les bras pour le féliciter et surtout il comme_a à s'occuper de Lily et Jaime ses nièces. Il était fier de lui mais aussi immensément jaloux. Aaron rêvait de ça lui aussi. Et même si il était jeune il voulait fonder sa famille avec Jenna, rentrer et l'épouser. La jeune femme d'ailleurs avait un peu changé, d'attitude mais aussi de style vestimentaire. Elle qui était assez sage avant était devenue une femme une vraie et cela troubla quelque peu Aaron qui n'arrivait plus à la suivre quand elle parlait. Il était amoureux mais il voulait du calme, heureusement, ses pulsions de soldat à l'autre bout du monde parlait pour lui et trouvaient un moyen de la faire taire. Le retour en Irak fut moins dur qu'il ne le pensait. Eirik était heureux et équilibré, et puis Jenna était devenue terriblement chiante et surtout elle semblait ne pas avoir besoin de lui... Ni elle, ni Eirik... Ni personne en fait. Au moins il savait que là bas il était utile... au moins il prenait son travail au sérieux et ne passait plus vraiment de temps à rêvasser. Deux mois passèrent et puis il recu une lettre de Jenna. Elle était enceinte.... lui, à l'autre bout de la planète allait être papa. C'est plus qu'heureux qu'il en annonça la nouvelle à tous ses amis d'infortunes mais aussi à ses gradés. Il était fier et avait encore plus envie de rentrer. Par contre il ne dit rien à Eirik et il dit à Jenna de ne pas le faire. Il voulait tellement lui faire la surprise comme lui lui avait fait.Tu vois petit frère moi aussi je sais faire une famille. Dans 7 mois il serait père. Il n'en pouvait plus d'attendre et en devenait invivable.
Les opérations avaient reprit le dessus et six mois après son retour, en mars 2010 en Irak, il y eu un grand déploiement dans le Sud du pays. Aaron en faisait partit. Ils avaient trouvé des armes ici et il fallait les détruire ou bien en tout cas les enlever des mains des talibans. Tout se passait pour le mieux, le village à occuper était calme... peut-être même un peu trop... Comme si ils étaient tombés dans un piège. En effet un groupe de talibans les avaient encerclés et l'embuscade se referma sur eux. Les tirs pleuvaient de tous les côtés et Aaron se vit pour la première fois abattre un homme. Jamais il ne l'avait vu d'aussi près, la mort... Et puis il eu une explosion. Un choc, un espèce de bruit assourdissant et abrutissant dans sa tête mais surtout la chaleur du sang, et la douleur. Il rouvrit les yeux difficilement, ils étaient pleins de sable, il avait la tête au sol, le corps tremblant et à part la douleur insupportable à son genoux il ne ressentait plus le reste de sa jambe. Avant qu'il ne tombe dans les pommes il apperçut furtivement ce qui ressemblait à son membre plus loin dans le sable. Le jeune homme se réveilla plusieurs heures plus tard, avec mal à la tête , l'explosion avait eu raison d'un de ses tympans qui s'était percé mais ce n'était pas le pire. Ce fut un cauchemar lorsqu'il se redressa et vit le vide à coté de sa jambe droite allongée. Non...Non pas ça... Toute l'horreur repassait devant ses yeux. Les corps autour de lui, la douleur, le sang, le sable...Il sentait que tout autour de lui était en train de vibrer. C'est là qu'un des médecin lui apprit qu'il était dans un avion sur le retour pour les Etats-Unis où il allait être opéré mais malheureusement ils n'ont rien pu faire pour sa jambe. C'était pire que la douleur, c'était l'humiliation pour Aaron qui était devenu l'espace d'un instant complètement inutile et qui avait perdu sa carrière. Son corps était tellement faible qu'après l'opération il ne put pas prendre les béquilles et du rester en fauteuil un long moment. Pour ne pas revenir trop amoindrit en face de sa fiancée, il laissa le fauteuil un peu devant et clopina avec ses béquilles pour aller frapper et lui dire qu'il était rentré, que même si il était blessé il allait être là pour leur fils et qu'il voudrait l'épouser. Il était devenu en quelques sortes un héros de guerre et avait été décoré. Quand elle ouvrit la porte, le choc fut encore plus violent que l'explosion. Jenna se tenait devant lui, portant dans ses bras un bébé qui devait déjà avoir près de 3 mois. Quoi ? Comment ? Il ravala sa salive et essaya de comprendre quand il vit Josh, jusque là son meilleur ami et ancien coéquipier de l'équipe de football derrière. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre et pour faire demi tour.... sans rien dire, harassé par les « mais Aaron j'allais t'expliquer le prends pas comme ça !!! » Ah et comment fallait il qu'il prenne que sa fiancée lui avait mentit et l'avait trompé, surement depuis longtemps d'ailleurs, avec son meilleur ami alors qu'il était en train de se battre pour son pays ? Et qu'il en avait perdu la moitié de l'audition et sa jambe. Non vraiment il ne savait pas comment il devait prendre ça.
Aaron avait perdu en plus de sa jambe et d'une partie de son audition, sa vie. Il n'avait plus rien à part sa famille qui avait l'air de s'en sortir très bien sans lui. Il avait tout perdu et n'arrivait plus à rien. Pendant de longues semaines il resta fermé dans sa chambre à se morfondre et à s'enfermer dans un cercle vicieux. Il ne faisait aucun effort pour marcher et passait sa vie en fauteuil roulant, à boire plus d'alcool que d'eau et à ne pas s'occuper de ce qui se passait aux alentours. Il avait reçu d'ailleurs une médaille au mérite et une prime pour sa blessure mais la médaille il l'avait jeté et la récompense il l'avait donné à son frère. Il n'en avait pas besoin. En général ce genre de prime sert de dédomagement pour les soins médicaux mais le jeune homme n'avait aucune intention de se soigner. ce qu'il voulait par dessus tout c'était partir... définitivement. Quand l'automne et le froid arriva, Aaron n'avait toujours pas retrouvé l'envie de vivre et la douleur était de plus en plus insupportable. Un soir alors qu'il avait envie de bouger un peu de fauteuil, il fit une mauvaise chute et se retrouva sur le sol, lamentable, dans l'impossibilité totale de se relever. Noyé dans ses larmes et dans son chagrin, l'ex-soldat trouva ses antidouleurs sur le sol ainsi qu'une bouteille de whisky couchée à coté. La solution était là... Il ouvrit la boite de médicaments et la versa dans sa bouche avant d'y déverser le contenu de la bouteille. Il avala difficilement l'horrible mixture des deux et ferma les yeux pour se calmer... attendre que son coeur s'arrête enfin, que tout s'arrête. Il n'avait pas prévu que la douleur serait toujours aussi forte mais heureusement pour lui il tomba vite dans un coma semi profond. C'était inconscient quand il prit la main de son frère venu à son secours et la serra aussi fort qu'il le pouvait. Quand il reprit ses esprits il était à l'hopital, dans une chambre blanche impersonnelle, son frère à son chevet.
Il fallut encore presque trois bons mois pour qu'un sourire ne se fasse remarquer sur le visage d'Aaron. C'est vrai qu'il est coutume qu'à noël l'on soit de bonne humeur mais il n'avait tellement pas sourit depuis si longtemps que cela paraissait étrange. Eirik avait utilisé une partie de sa prime pour lui offrir une nouvelle chance. Quand il vit sa prothèse, il se demanda premièrement comment il pourrait marcher avec ça. Et puis avec l'aide d'un médecin et d'un peu de rééducation, A.J apprit à se servir de sa nouvelle jambe et il regagna une bonne autonomie et une certaine joie de vivre. 2011 fut une bonne année pour les Phillips. Le père allait bien et ne montrait aucuns signes précurseurs de maladie, Eirik et Sarah se débrouillaient comme des chefs avec les jumelles et puis Aaron... passait ses journées à lire et à écrire quand il ne faisait pas le super tonton avec elles. Il avait encore du mal et ne savait pas ce qu'il allait faire de sa vie, c'est pour ça qu'il prenait son rôle d'oncle très au sérieux. En s'occupant des filles il se sentait utile, aussi bien pour elles que pour lui. Si seulement il avait pu être de lui cet enfant, il aurait été le plus heureux des hommes. Il passait aussi du temps avec son frère quand il était pas occupé mais sa vie sentimentale et surtout personnelle n'avait pas décollé pour un sous depuis le choc de sa rupture.
2011 s'était bien fini mais 2012 commençait mal. Très mal. En effet en janvier, le père Phillips fut prit d'un cancer foudroyant et laissa ses fils avec comme héritage la maison et un petit pécule pas assez important pour faire des folies mais suffisant pour vivre confortablement quelques années. La bonne humeur était tombée, et en plus de cet argent, leur père leur avait laissé une enveloppe avec les coordonnées d'une île. Enfin d'un endroit, les garçons ignoraient de quoi il s'agissait mais même si Aaron était très tenté par l'aventure et surtout par l'idée de tout quitter, il savait qu'il ne ferait rien sans son frère. Cette envie de partir le rongeait et il pensait toutes les nuits à comment partir. Il avait même dans le dos de son frère, pensé à acheter un bateau. Malheureusement les fonds étaient communs et une telle dépense aurait été trop vite remarquée. Et puis les mois ont passé et la routine s'installait de nouveau, et Aaron malgré le chagrin de la perte de son paternel, avait recommencé à sortir pour voir une fille. C'était dur d'accepter sa condition d'handicapé mais surtout de se déshabiller devant une fille, même si la jeune femme en question trouvait le coté héros de guerre plutot excitant. Le soir d'ailleurs de sa première fois depuis l'accident, un soir de mai, Aaron avait reçu le coup de téléphone qui aurait pu être le plus perturbant de toute sa vie si seulement son portable n'avait pas été éteind. Quelque chose cependant ne se passait pas comme d'habitude, il se sentait mal d'être là au lieu d'être à la maison en train d'aider Sarah, mais cette dernière l'avait gentiment envoyé balader en lui disant qu'elle était capable de s'occuper de sa fille toute seule. Bien. Si seulement... Tout en laissant sa conquête se rhabiller et en en faisant de même, Aaron écouta ses messages et ne mit pas une minute de plus pour être sortit de là, sans dire au revoir à la jeune femme. Il fonça à l'hopital aussi vite qu'il le put et découvrir par la même occasion qu'il arrivait à courir même avec sa jambe en moins. Arrivé à l'hopital la nouvelle terrible tomba. Lily avait fait une chute dans la baignoire et ne passera pas la nuit... Le sort ne se calmerait donc jamais sur eux ? Les jours qui suivirent furent les pires. Il fallait organiser l'enterrement, et comment peut-on choisir un cerceuil d'à peine un mètre sans avoir envie de hair le monde entier? Et puis la famille ne fut pas nombreuse ce jour là. Juste leur grand-mère paternelle et quelques oncles et tantes. A peine plus de monde que quelques mois auparavant lors des obsèques de leur père. Tout le monde les avait laissé tombé... complètement. Aaron cependant avait reprit son caractère de meneur et soutenait son frère pour qui l'épreuve était la plus difficile. Son envie de partir avait quintuplé. Il passait dorénavant ses nuits à élaborer un plan, à faire la liste de ce dont ils auraient besoin pour partir tous les quatre, car oui pour l'instant dans son esprit Sarah était toujours de la partie. La vie à quatre ne dura pas longtemps, en effet un matin la jeune femme avait prit la tangeante en laissant son petit ami et sa fille seuls ici. Aaron, Eirik et Jaime se retrouvaient tous les trois, perdus dans cette immense maison qui commençait à les ruiner car en plus d'avoir laissé un héritage, le père Phillips leur avait laissé également un bon paquet de dettes de jeux qu'il leur fallait éponger en tant qu'héritiers. Aaron fit tout pour que son frère accepte de partir même si celui ci préférait attendre. L'ainé n'en pouvait plus de vivre ici et il fallait partir... prendre une décision et dès maintenant ...
Eirik se décida enfin vers la mi-juin. Les deux frères achetèrent un bateau, avec une cabine confortable et le remplirent d'une quantité de carburant impressionnante si bien qu'au début ce fut difficile de bouger convenablement à l'intérieur. Et puis il fallait qu'ils choisissent ce qu'ils devaient amener et laisser derrière eux. Pour être clairs, Aaron savait qu'il ne reviendrait pas. Il préférait mourir que revenir ici et il espérait que son frère l'avait bien comprit. Pour toutes affaires le jeune homme embarqua trois prothèses différentes, ainsi que ses béquilles et un fauteuil roulant parce qu'on ne sait jamais, sa guitare, la lettre de son père, et quelques vêtements pour seuls effets personnels. C'était un déchirement de se séparer de ses comics et de toutes ses collections mais il avait tout offert, histoire de faire le bonheur de quelques uns avant de partir. Il avait toutefois gardé précieusement de quoi écouter de la musique et quelques livres, on sait jamais. Celle qui prit le plus d'affaires fut Jaime. La petite qui pensait partir en vacances ne voulait pas se séparer de ses doudous et de ses jouets. Elle avait également prit des jouets appartenant à sa soeur. Le manque se faisait ressentir dans son regard et cela tuait Aaron. Il n'aurait pas pu vivre sans son frère et avait l'impression de partager la douleur de sa nièce. Le départ eu lieu le jour de l’anniversaire de l’ainé. Quel beau cadeau que de pouvoir s’offrir une nouvelle vie, non? Les débuts furent difficiles. Aucun des deux garçons ne savaient correctement comment naviguer et puis c’était tellement stressant. Ils étaient dans la peur de se faire arrêter bien avant d’atteindre les eaux internationales. Et puis… qu’Est-ce qu’ils allaient trouver exactement? Après avoir regardé sur des dizaines de GPS, les coordonnées de cette île n’existaient pas. Ils allaient tout droit à la mort, et c’était ça que le père voulait surement ! Que leurs fils partent et le rejoigne? Non c’était pas possible, sa lettre disait qu’ils pourraient changer de vie là bas. Honnetement, Aaron avait peur de se retrouver dans un épisode de Lost. Et puis Eirik et lui arrêtaient pas de s’engueuler… tout le temps et pour tout. Les seuls moments où ils se calmaient étaient quand Jaime prenait la parole ou pleurait pour qu’ils arrêtent. Et c’était à chaque fois le même scénario, Aaron s’excusait, prenait sa nièce dans ses bras et les trois allaient se coucher dans la petite cabine qui disposait de deux couchettes superposéee. Enfin ca c’était quand Aaron dormait, car il passait plus de temps sur le pont ou dans la salle des machines pour tenir le gouvernail et faire en sorte qu’ils ne se perdent pas…
Après presque 4 semaines de navigation intensive, ils se retrouvèrent dans un endroit complètement au milieu de nulle part et, désespéré car ils ne trouvaient rien, Aaron prit la décision sans en informer son frère de se laisser dériver. Pendant quelques jours il ne toucha que très peu au gouvernail et un matin en se réveillant, la famille se retrouva face à une terre… Une île. Quelque chose. ENFIN quelque chose ! Le 5 aout 2012, ils posèrent les pieds sur l’île, où ils furent accueillis par plusieurs personnes qui mirent leur bateau à l’abrit des regards sans leur laisser prendre leurs effets personnels pendant qu’ils étaient conduits dans un bâtiment les plus étranges. Là, on les amena dans une pièce stérile où ils devaient retirer leurs vêtements et enfiler une tenue donnée par le personnel. Il ne fallu pas longtemps avant qu’on leur explique qu’ils étaient arrivé sur l’île de Komencloko, où une nouvelle vie est possible si l’on accepte de tout laisser derrière soi. Aaron acquieça et il coopéra quand pendant presque un mois ils subirent des test médicaux. Il savait que c’était nécessaire, et puis on leur donna un appartement à l’intérieur de la quanrantaine, ils avaient à manger, tout ce qu’ils voulaient et tout le monde était agréable et acceuillant. Le temps était quand même long et quand le 14 septembre ils purent enfin mettre les pieds dehors, le jeune homme se retrouva devant la beauté des lieux… c’était splendide… Un vrai paradis sur terre. Une petite soirée fut meme organisée pour les accueillir et directement on les installa dans une petite maison avec 3 chambres et tout le confort nécessaire.Leurs affaires qui étaient dans le bateau étaient soigneusement rangés dans des sacs blancs à l'entrée. C’était moderne tout en paraissant être d’un autre temps. Comme si le temps s’était arrêté ici à un moment et s’était développé ensuite à son propre rythme. C’était tellement parfait que en faisant ses premiers pas sur l’île Aaron ne put s’empêcher de pleurer , à l’abris des regards bien sur, et de remercier son père pour les avoir conduit ici. On l’avait informé également que très vite son frère et lui auraient un emploi et que Jaime pourrait aller à l’école. Une nouvelle vie allait vraiment commencer pour la famille Phillips.
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